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§ 55

4me DIFFICULTÉ : L’INFLUENCE ANORMALE DES HOMMES QUI FONT PROFESSION DE PARLER OU D’ÉCRIRE.

Les aptitudes éminentes qui confèrent la supériorité dans les lettres, les sciences et les autres arts libéraux[1], ne se concilient guère avec les qualités nécessaires au succès dans l’exploitation des arts usuels[2]. L’homme doué de cette supériorité n’aime point à fixer son esprit sur les occupations vulgaires qu’imposent la direction des hommes et la discussion des intérêts. L’art de parler et d’écrire, qui joue un si grand rôle dans les réformes de notre temps, est particulièrement difficile à acquérir : il ne reçoit tout son développement que par de profondes méditations et par le travail soutenu d’une longue vie. Lors donc que les institutions n’encouragent pas expressément la réunion des deux genres d’aptitudes, il y a presque incompatibilité entre le talent de l’orateur ou de l’écrivain et celui de l’homme capable de diriger les grandes entreprises ou de gouverner les États ; il y a également contraste de caractère entre

  1. La Réforme sociale, t. II, p. 10.
  2. Ibidem, t. II, p. 11.