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leurs sujets. Il s’est manifesté, en France plus encore que dans les autres pays, par la multiplication des fonctionnaires et par l’accroissement des impôts. Au début de cette entreprise, à une époque où l’art de pressurer les peuples n’avait pas atteint la perfection qui lui a été donnée de nos jours, les derniers Valois résolurent le problème en organisant, dans un but fiscal, la création et la vente des charges publiques. Ce système financier reposait sur deux combinaisons : d’une part, il obligeait les citoyens à subir dans leurs rapports privés, par exemple dans les ventes de denrées, des contrôles ruineux pour les intéressés et inutiles à l’ordre social ; de l’autre, il conférait au trésor, par les ventes de ces droits de contrôle, des recettes d’autant plus élevées que les citoyens étaient plus gênés, et soumis à des taxes plus fortes, au profit des nouveaux fonctionnaires. Rien n’a plus contribué à développer en France la haine des gouvernants ; car ceux-ci, pour conserver cette source de recettes, étaient obligés de tolérer une foule d’exactions commises par les officiers de justice et de finances qui furent un des fléaux de l’ancien régime en décadence. La révolution abolit ces charges par la banqueroute ; et, pour remplacer ce genre d’impôt, elle employa un procédé plus condamnable encore, la confiscation. L’empire, en organisant