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doivent améliorer sans relâche leurs méthodes de travail par une action journalière sur les hommes et les choses. Jouissant de la fortune fondée sur le travail, satisfaits de la considération qui s’attache au gouvernement de leur domaine rural ou de leur manufacture, ils ne sont guère enclins à négliger ces intérêts pour remplir dans la capitale les fonctions, si enviées, auxquelles rien ne les a préparés. En l’absence des petites autonomies locales qui sont, chez les peuples libres, la pépinière des gouvernants (§ 68), ils n’ont point l’occasion d’acquérir l’art de parler et d’écrire, art si difficile, qui prime de plus en plus dans l’opinion les autres aptitudes nécessaires à l’homme d’État. Quant à ceux qui auraient été attirés vers la presse et les réunions publiques par une inclination spéciale, ils en ont été généralement détournés par les entraves qui ont régné jusqu’à ces derniers temps. Dans ces conditions, les Autorités sociales n’attirent guère sur elles l’attention du public. Elles n’ont ni les passions qui plaisent aux partis politiques, ni la souplesse qui donne accès auprès des gouvernants. Elles se trouvent donc exclues de la plupart des fonctions où leur influence pourrait s’exercer ; et elles s’en éloignent elles-mêmes à mesure que les charges onéreuses de nos anciennes constitutions sont remplacées par des prébendes