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la liberté testamentaire ; et elle leur a ainsi refusé l’ascendant social qui s’attache à la transmission intégrale du foyer et de l’atelier des ancêtres.

Les gouvernements qui ont commis la faute de détruire les petites autonomies locales espéraient, en général, accroître d’autant leur propre autorité ; mais l’événement n’a jamais répondu à leur attente. Les Autorités sociales, lorsqu’elles sont préposées au gouvernement local, se servent de leur ascendant personnel pour maintenir dans l’obéissance la population et pour grandir, dans l’opinion de celle-ci, le souverain au nom duquel elles ont constamment à exercer certaines contraintes. Au contraire, les autorités factices qui ont charge du gouvernement local, dans les régimes de centralisation exagérée, n’apportent par elles-mêmes aucun concours à la conservation de la paix publique, et elles ne peuvent que compromettre le souverain dont elles émanent. Les Autorités sociales osent blâmer parfois le souverain ; mais elles le défendent toujours aux temps d’épreuve. Les autorités factices sont dans la situation opposée : elles ne peuvent ni critiquer le gouvernement quand il est fort, ni le soutenir quand il est affaibli. Ces vérités ont été mises en complète lumière par la révolution de 1789 : les seuls pouvoirs locaux qui se montrèrent