Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/330

Cette page a été validée par deux contributeurs.

aggravé par Louis XIV et ses successeurs, développé jusqu’au ridicule et à l’absurde par le gouvernement de la Terreur[1], enfin adouci, mais conservé par tous les gouvernements postérieurs à la révolution. Ce système se reconnaît partout à deux traits principaux. Il annule, autant que possible, les autorités naturelles fondées sur l’affection et le respect des populations. Il institue à leur place des autorités factices (§ 54), étrangères par leurs habitudes, et souvent même par leur langage, aux intérêts et aux sentiments des localités. Ce régime de gouvernement local a, en France, son plus dangereux modèle. Il y va à l’encontre des règles tracées, chez les peuples prospères, par l’expérience et la raison. Il refuse la tutelle morale du pays aux hommes qui, grâce à la salutaire influence du travail, pratiquent le mieux la vertu. Il confère cette tutelle à ceux qui, ayant pour fonction spéciale le gouvernement des peuples, ont été de tous temps les plus accessibles à la corruption[2]. Au surplus, la révolution ne s’est pas bornée à détruire, dans le gouvernement local, l’influence des Autorités sociales : enchérissant encore sur l’ancien régime, elle les a privées de

  1. Deuxième Rapport au conseil d’État sur les commerces du blé, de la farine et du pain, par M. F. Le Play, conseiller d’État, rapporteur, p. 40 et 41, p. 132 à 149.
  2. La Réforme sociale, t. II, p. 196.