Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/329

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rière du XIIIe siècle (§ 14), s’était également assimilé les autres éléments de bien-être, de stabilité et d’harmonie qui, jusqu’à ce jour, conservent à l’Europe sa supériorité. La féodalité avait établi notamment deux institutions nécessaires à tous les peuples prospères et libres. Elle avait constitué, jusque dans les moindres subdivisions du territoire, des Autorités sociales (§5) qui faisaient régner, dans les ateliers de travail, les six pratiques de la Coutume (§ 15). Elle avait attribué à ces mêmes Autorités le soin du gouvernement local[1] : grâce à leur ascendant, elle avait affermi en chaque lieu la paix publique ; et, en général, elle n’avait point à réclamer du souverain le secours d’une force armée. Les nations qui jouissent de la plus grande somme de prospérité et de liberté sont celles qui ont eu le bon sens de conserver dans chaque localité ces modestes et salutaires influences. Malheureusement, depuis deux siècles, les tyrannies royales et populaires de notre pays se sont appliquées sans relâche à les amoindrir, quand elles n’ont pu les détruire complètement.

Cette désorganisation de notre société eut pour origine le système de centralisation excessive, inauguré en Espagne, au XVIe siècle, par Philippe II, imité par les derniers Valois (§ 16)

  1. La Réforme sociale, t. III, p. 10, 64, 70, 89 et 125.