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pecter la mère qui développe les premières facultés, le maître qui divulgue la science, le prêtre qui enseigne la pratique de la morale, le patron qui dirige les travaux de l’atelier, enfin le magistrat qui est élevé par sa richesse, ses talents et sa vertu, aux honneurs et aux devoirs du gouvernement local. Ces pouvoirs privés et locaux, tant qu’ils restent à la hauteur de leur mission, tirent leur force de l’obéissance et du dévouement de leurs subordonnés : ils comprennent donc le devoir de témoigner, en toute occasion, la même déférence aux hommes qui gouvernent l’État. C’est ainsi qu’une société, en obéissant à Dieu, développe de proche en proche l’obéissance envers tous les pouvoirs, depuis le père jusqu’au souverain. Si l’on se reporte à cet enchaînement de causes et d’effets, on comprend que la France, en se révoltant contre Dieu et en détruisant les influences les plus légitimes, a dû inculquer aux esprits cette haine de l’autorité qui est aujourd’hui un de ses caractères apparents, et qui ne saurait se concilier avec aucun ordre social.

§ 53

2me DIFFICULTÉ : L’AMOINDRISSEMENT DES AUTORITÉS SOCIALES.

L’époque féodale, qui eut pour couronnement l’admirable organisation agricole et manufactu-