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deux motifs, les coutumes réalisent sûrement, dans les constitutions sociales, l’alliance de l’autorité et de la liberté. Nos anciens légistes, lorsqu’ils ont formulé les coutumes, en ont faussé l’esprit ; nos révolutionnaires, en les détruisant, ont enlevé aux populations un moyen aussi simple qu’efficace pour réagir contre le mal et accomplir les réformés. Et si l’on examinait de près les détails de notre constitution sociale, on trouverait que l’amour de l’humanité (§ 18, n. 13), le patriotisme, l’urbanité, la bonhomie et l’ensemble des bonnes traditions transmises, depuis des siècles, au foyer domestique, sans aucune intervention des légistes, forment les plus précieuses institutions de notre race.

C’est surtout en ce qui concerne la notion de l’autorité que nos révolutions égarent les esprits ; c’est sur ce point spécialement qu’elles établissent, entre la France et les peuples prospères, un contraste chaque jour plus marqué. Chez les nations que les deux mondes prennent maintenant pour modèles, toutes les institutions tendent à graver dans les cœurs le respect de Dieu, du père et de la femme. Ces influences agissent depuis la naissance sur chaque individu ; et elles le portent successivement à res-

    part des établissements, rappeler les hommes aux maximes anciennes, c’est ordinairement les ramener à la vertu. » (Montesquieu, Esprit des Loix, liv. V, chap. vii.)