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§ 52

1re DIFFICULTÉ : L’ESPRIT DE RÉVOLUTION ET LE MÉPRIS DES COUTUMES NATIONALES.

L’esprit de révolution, lentement inculqué à notre race dans les circonstances que j’ai rappelées (§ 17), a complété en peu de temps l’œuvre de destruction commencée par l’ancien régime en décadence. Il a privé la France des forces qu’elle trouvait autrefois, aux bonnes comme aux mauvaises époques, dans l’organisation du gouvernement local, dans les habitudes de la vie privée, dans l’obéissance aux coutumes et dans le respect des autorités instituées par Dieu et par les sociétés humaines.

La révolution a guéri peu de maux, et elle en a fait naître beaucoup. Elle nous a ramenés, par la violence et l’instabilité, aux habitudes de la plus mauvaise époque (§ 13). Sans doute, beaucoup d’autres nations ont souffert de la mobilité des institutions ; mais ce n’est qu’en France, et seulement depuis 1789, qu’un homme, dans le cours d’une vie ordinaire, a pu voir changer dix fois le principe et le personnel de la souveraineté. Par une conséquence naturelle, aucune autre époque de notre histoire n’a donné lieu à tant de désordres. Chaque catastrophe a créé des passions et des intérêts aux-