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réforme, abondent à tous les degrés de la hiérarchie agricole et manufacturière. Beaucoup de maîtres ont conservé les sentiments du patronage ; des millions d’ouvriers possèdent encore les vertus qui rendraient facile, sous une direction bienveillante, le retour à la possession du foyer et aux autres pratiques de la Coutume (§ 19). Malheureusement la majorité des deux classes, pénétrée de l’esprit d’antagonisme, se persuade qu’il y a contradiction entre les deux intérêts en présence. Cette opinion s’accrédite surtout chez les ouvriers ; et ceux-ci tendent de plus en plus à se constituer en une caste hostile, non-seulement aux patrons, mais encore à tout ordre social. Cependant la fausseté de cette opinion est démontrée par la prospérité de tous les établissements fidèles à la Coutume. Ainsi, par exemple, ceux-ci n’ont jamais souffert des crises commerciales provoquées par la concurrence internationale. L’atelier où l’affection règne entre le patron et l’ouvrier, de même que le peuple où toutes les classes sont unies, jouit d’une stabilité à toute épreuve, dans les événements de force majeure qui tendent à troubler le bien-être des familles et la prospérité des nations. Les désordres provoqués maintenant par les sentiments haineux des ouvriers sont moins une cause première qu’une conséquence du mal : ils prendraient fin peu