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puis la révolution, la France a eu dix occasions de l’accomplir librement. Dans toutes ces occasions, l’échec est surtout venu, non de la corruption, mais de l’erreur[1] ; et les plus dangereuses formes de l’erreur ont toujours été propagées, avec d’excellentes intentions, par des honnêtes gens[2]. En 1848, par exemple, des hommes de bien ont surgi de toutes parts, et se sont entendus pour rendre à la société ses bases éternelles, tandis qu’ils se sont divisés dès qu’il s’est agi de compléter l’édifice. La réforme sera impossible tant que nos classes éclairées ne seront pas d’accord sur les principes essentiels, comme l’ont été, depuis 1815, les peuples prospères, notamment les Anglais, les Prussiens et les Russes. Elle surgira spontanément quand la distinction du bien et du mal (Ch. ier) sera rétablie dans les esprits, conformément aux enseignements de l’histoire (§§ 12 à 17) et à l’opinion présente des Autorités sociales (§ 5).

Les gens de bien, capables de se dévouer à la

  1. « À commencer par l’Évangile et à finir par le Contrat social, toutes les révolutions qui ont changé en bien ou en mal l’état de la société générale, n’ont eu d’autres causes que la manifestation de grandes vérités, ou la propagation de grandes erreurs. » (De Bonald, Théorie du pouvoir ; Paris, 1796, t. Ier, p. VII.)
  2. « Il n’y a rien de plus dangereux que les bons mauvais livres, c’est-à-dire les mauvais livres faits par d’excellents hommes aveuglés. » (Joseph de Maistre, Œuvres et Opuscules ; Paris, 1853, t. Ier, p. 302.)