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tefois elle s’accomplirait peu à peu, à mesure que l’action lente de la loi rétablirait le sens moral dans la nation.

La séduction des jeunes filles pauvres a toujours été un grave symptôme de la décadence des peuples corrompus par la richesse. Les politiques qui, de nos jours, agitent l’État pour conférer aux pauvres des droits peu utiles, se montrent donc fort inconséquents en ne réclamant pas la responsabilité des riches en matière de séduction. Cette indifférence pour le bien, rapprochée de la passion que l’on montre pour de prétendues réformes, est, au fond, une des plus déplorables traditions de la monarchie absolue et de la révolution (§ 17).

J’ai vu souvent, dans le cours de mes voyages, les tortures morales qu’inflige aux mères pauvres la situation de leurs filles, attirées hors du foyer par la nécessité du travail ; j’ai eu la confidence des haines que soulève la séduction exercée par les riches, et depuis lors je me suis promis de réclamer sans relâche la répression de ce honteux désordre. Je serais amplement récompensé de mes travaux si je pouvais appeler l’attention de mes concitoyens sur l’urgence de cette réforme.