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femmes qui se vengent du tort qu’elles ont subi, ils se ruinent pour elles ; et ils emploient, selon le caprice de celles-ci, l’influence dont ils disposent dans la cité et dans l’État (§ 31, n. 9). Les femmes honnêtes éprouvent le contre-coup des désordres qui surgissent de toutes parts : elles admirent et envient le luxe qui s’étale sous leurs yeux ; elles s’appliquent à effacer, dans le costume et les manières, les différences qui distinguaient autrefois le vice de l’honnêteté[1]. Au milieu de nos habitudes frivoles, le bon sens public semble avoir conscience des dangers que cet état de choses entraîne. Les chansons et les caricatures populaires, comme les écrits sérieux, prennent maintenant à partie les désordres et les dérèglements de la femme[2], comme elles signalaient après la révolution de 1830, chez les

    dans ses livres. Voir notamment : Le Droit des femmes, p. 37 à 49.

    Ces sentiments se retrouvent aujourd’hui chez beaucoup d’écrivains qui, jusqu’à ces derniers temps, se préoccupaient plus d’amuser le public que de réformer les mœurs. Sous ce rapport, je vois naître un heureux contraste entre notre époque et celle où Voltaire signalait les premiers désordres de Louis XV comme l’aurore du règne de la justice et du bonheur. Les gouvernants doivent tenir compte de ces symptômes : il serait peu séant, en effet, qu’ils se laissassent devancer, dans cette partie de la réforme, par la littérature légère.

  1. Ce trait de mœurs a été finement exprimé dans plusieurs caricatures populaires de M. Daumier.
  2. Opinion de M. le procureur général Dupin sur le luxe effréné des femmes. — La Famille Benoiton, par M. V. Sardou.