Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/314

Cette page a été validée par deux contributeurs.

gions de courtisanes, recrutées parmi ces victimes de la séduction[1]. Devenus le jouet de ces

  1. M. Alexandre Dumas fils, qui a peint, dans plusieurs ouvrages, les mœurs des courtisanes, a insisté récemment en termes énergiques sur l’urgence d’une réforme qui protégerait, aussi efficacement que la propriété matérielle, l’honneur des filles et les fruits de la séduction. Je signale particulièrement les traits suivants :

    « Si l’homme est le sexe faible, qu’il l’avoue et qu’il laisse les femmes gouverner les empires et livrer les batailles.

    Le jour où la société déclarera que l’honneur d’une femme et la vie d’un enfant sont des valeurs comme une douzaine de couverts ou un rouleau d’or, les hommes les regarderont à travers les vitres sans oser les prendre, et l’idée leur viendra de les acquérir et non de les voler. Au lieu de déshonorer les filles, on les épousera ; au lieu d’en faire des victimes, on en fera des alliées. De la condescendance des lois naît la facilité des mœurs. Comment avez-vous pu établir entre les biens matériels et l’honneur de vos filles, de vos sœurs et de vos femmes, de la femme enfin, une si grande différence au désavantage de celles-ci ! Il faut que vous soyez aveugles, méchants ou fous.

    Mes moyens sont impraticables ? trouvez-en d’autres, je ne tiens qu’aux résultats ; mais dépêchez-vous, parce que la maison brûle.

    Vous ne voulez pas ? vous trouvez que ça peut aller comme ça, et que, pourvu qu’on s’occupe des hommes, — qui feraient des révolutions si on ne s’occupait pas d’eux, — tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ? Va bene, amusons-nous ! vive l’amour ! Laissons la femme faire ce qu’elle fait, et, dans cinquante ans au plus, nos neveux verront ce qui restera de la famille, de la vertu, de la morale et du mariage dans votre beau pays de France, dont toutes les villes auront de grandes rues, et dont toutes les places auront des squares, au milieu de l’un desquels il sera bon d’élever une statue aux Vérités inutiles. » (Théâtre complet ; Paris, 1868, t. Ier, p. 46.)

    M. Alfred Assolant a également traité, en style humoristique, cette grave question dans la presse périodique (§ 18, n. 9) et