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tion la responsabilité en matière de séduction[1]. Selon l’esprit de toutes les constitutions qui assurent aux peuples la prospérité, la femme est trop faible et trop confiante pour défendre le bien de la famille contre les empiétements et les agressions du dehors : à ce même point de vue, elle ne saurait sans une certaine protection défendre son honneur contre les artifices du libertinage ou les entraînements de la passion. Et puisque l’ascendant des femmes dérive surtout de la chasteté, il est équitable de garantir contre le rapt ou la ruse ce qui est pour elles le plus grand des biens.

Chez ces peuples, l’honneur des filles est donc placé, au même titre que la faiblesse de l’enfance, sous la tutelle des lois et sous la protection des honnêtes gens. Dans l’opinion de tous, celui qui y porte atteinte commet une action, non pas seulement coupable, mais déshonorante. Les réclamations des filles séduites sont toujours accueillies avec sollicitude ; et lorsqu’elles sont reconnues légitimes, les coupables sont frappés avec une inexorable sévérité. Chez les Américains du Nord en particulier, l’opinion des magistrats et les mœurs des citoyens tranchent honorablement avec celles qui règnent chez les peuples latins : on ne

  1. Voir les développements donnés ci-après § 49, n. 4.