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entre les deux sexes ; et, dans toute bonne organisation sociale, ces contrastes correspondent à la différence des droits et des devoirs. Partout le bonheur individuel et l’ordre public augmentent à mesure qu’on respecte mieux la diversité des rôles assignés aux deux sexes par les lois de la nature et la coutume des peuples prospères. Partout, au contraire, ils s’amoindrissent dès qu’on se place au point de vue exclusif de l’égalité. Dans le temps de trouble où nous vivons, cette préoccupation provient souvent d’un sentiment généreux. On veut soustraire la femme à une oppression que l’on croit inséparable de l’état légal d’inégalité. Mais cette sollicitude peu judicieuse va toujours à l’encontre du but que se proposent les novateurs. Le résultat le plus clair de ces prétendues réformes est de conférer à la femme des droits inutiles ou nuisibles, et de lui enlever ses avantages les plus précieux. C’est ainsi, par exemple, qu’en mêlant la femme, comme on le propose aujourd’hui, au gouvernement de la commune, de la province et de l’État, on désorganiserait le ministère du foyer domestique, c’est-à-dire le véritable objet de l’activité de la mère de famille, et la vraie source de son influence[1]. C’est surtout en ce

  1. La Réforme sociale, t. Ier p. 352.