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quand leur père, enlevé par une mort prématurée, n’a point fait cette institution au moyen du testament[1]. Malheureusement les admirables mœurs de ces campagnes ne trouvent aucun point d’appui dans les idées émanant des villes : celles-ci usent de leur prépondérance, injustement développée par nos institutions, pour imprimer aux esprits une impulsion opposée. Chaque jour ces mœurs sont directement attaquées par l’action irrésistible que le Code civil exerce à la longue et sur les intérêts et sur les sentiments.

Sous l’influence des intérêts immédiats, les premières attaques dirigées contre les coutumes de transmission intégrale viennent des officiers publics préposés au partage des successions. Ceux-ci se créent des prébendes lucratives en propageant autour d’eux l’esprit du Code ; ils encouragent les passions cupides et amènent les cohéritiers à se partager, soit le prix de la vente, soit même les lambeaux du domaine[2]. Quand une fois la Coutume a été violée, le mal s’étend de proche en proche, par l’initiative de ceux qui sont le moins dignes de diriger les familles, mais qui peuvent invo-

  1. Voir ci-après, à la note 11, une coutume du Vercors et du Sédéron (Drôme).
  2. Voir le détail des inconvénients de tout genre que font naître ces ventes et ces partages. (La Réforme sociale, t. II, p. 52 à 60.)