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son bien-être sur la stérilité, l’État perd ses moyens de défense et sa force d’expansion.

La loi du partage forcé, imposée à la France par le gouvernement de la Terreur, était en harmonie avec les mœurs de la région à familles instables et à domaines morcelés ; mais elle blessait profondément les sentiments et les intérêts de la région où les domaines agglomérés se transmettaient, depuis un temps immémorial, dans les familles-souches. En effet, tous les membres de ces familles étaient pénétrés des mœurs et des opinions créées par des traditions séculaires : ils croyaient que l’honneur et l’intérêt de chacun exigeaient que l’héritier de la famille continuât à remplir les devoirs imposés, non-seulement par la Coutume de l’atelier (§ 19), mais encore par les traditions du foyer. Parmi ces derniers devoirs figuraient surtout : la conservation des tombeaux de la famille et des souvenirs honorant la mémoire des ancêtres ; la célébration des anniversaires par lesquels la religion établit la solidarité des générations successives ; les soins affectueux dus aux vieux parents ; le bien-être du foyer

    tain qu’ils sont moins heureux et moins vertueux dans leurs villages que si chacun vivait isolé, avec sa famille, sur le terrain qu’il cultive. Le peuple est mal vêtu… ; les femmes et les enfants portent de pesants fardeaux… C’est un indice d’extrême pauvreté. » (Mélanges politiques, t. Ier, p. 291.)