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tamment dans les villes et leurs banlieues, dans les vignobles, dans les nombreuses cultures arborescentes ou maraîchères opérées à bras. Les ateliers ruraux du partage égal avaient pour type le domaine des villages à banlieue morcelée[1].

Parmi les causes originelles de ce système, il faut citer au premier rang : près des frontières de l’est, la nécessité de grouper les habitations pour les protéger contre l’attaque des bandes de partisans ; dans le midi et dans le bassin du Rhône, la tendance des populations à prendre les mœurs urbaines des Grecs et des Romains ; partout, la facilité de morceler à l’infini des terres qui peuvent être travaillées à bras ou exploitées sans clôtures. Cette déplorable organisation de l’agriculture engendre naturellement le régime de la famille instable (§ 6) ; et celle-ci, lorsqu’elle est une fois instituée, fait passer dans les mœurs les coutumes du partage égal et abroge peu à peu la pratique des testaments. Les domaines morcelés ne concilient point les intérêts de la famille et de l’État : quand la famille conserve la fécondité, les populations tombent rapidement dans l’indigence[2] ; quand elle fonde

  1. La Réforme sociale, t. II, p. 60 à 69.
  2. Ibidem, t. II, p. 68. — T. Jefferson, visitant une partie de la Bourgogne, remarqua les inconvénients de cette triste organisation de la propriété. « Peu de châteaux ; pas de maisons de fermes éparses ; tous les habitants vivent réunis dans des villages… Il est cer-