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transmission intégrale appartenaient au type qu’on peut nommer le domaine aggloméré à foyer central[1]. Cette excellente organisation agricole avait, en général, pour origine trois causes principales : les coutumes de la famille-souche (§ 6) ; les avantages inhérents à la contiguïté des habitations et des cultures ; les obstacles opposés au morcellement par les enclos d’arbres et de haies vives qui font le charme et la richesse de ces domaines. Enfin la conservation de ces unités agricoles était assurée par la liberté testamentaire, avec l’aide d’une coutume ab intestat créée, à la longue, par l’usage réitéré du testament. Cette organisation rurale stimulait la fécondité de la race, et fortifiait singulièrement l’État. Les cadets de Gascogne, comme ceux de Normandie, soutenus par des familles fécondes qui se dévouaient au succès de leurs rejetons, étaient l’inépuisable pépinière des professions libérales, du clergé, de l’armée et des colonies.

Le second système de transmission, le partage égal, était dominant dans les plaines à céréales, et surtout dans celles de la Lorraine et de la Champagne. Il existait également dans une multitude d’enclaves disséminées au milieu des régions où régnait le premier système, no-

  1. La Réforme sociale, t. II, p. 44 à 50. Voir le charmant tableau tracé, en 1787, par Arthur Young, au sujet des domaines agglomérés de Moneins (Béarn). (Voyage en France, t. Ier, p. 72.)