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quées avec un inébranlable attachement, par des millions d’individus, dans des provinces entières. Ce n’est donc point le mouvement spontané des mœurs, c’est la pression de la loi qui substitue peu à peu à ces coutumes les habitudes du partage égal. Ayant exposé ailleurs[1] les faits qui justifient ces assertions, je me borne ici à un précis sommaire sur l’histoire et l’état présent des deux systèmes de succession.

Avant la révolution, la transmission intégrale des biens ruraux était dominante dans la région occidentale, savoir : au midi, dans les Pyrénées, le bassin de la Garonne et les montagnes qui confinent à la rive droite de ce fleuve ; au nord, en Normandie et dans les pays d’élevage contigus à la Manche et à l’Atlantique ; au centre, dans la majeure partie des montagnes et des collines. À l’orient, ce même système était fort répandu sur le littoral de la Méditerranée, dans les Cévennes, l’Auvergne, les Alpes de la Provence et du Dauphiné, le Forez, le Morvan, le Jura et les Vosges. Enfin, dans la France entière, il avait été étendu par le régime des fiefs à une foule de localités, même aux plaines à céréales où dominait le second système de transmission. Les ateliers ruraux où se pratiquait la

  1. La Réforme sociale, t. Ier, § 34 ; l’Agriculture, p.33 à 91.