Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment les Autorités sociales. La Coutume des ateliers est assise sur des bases encore plus solides, lorsque la loi morale est fortement enracinée, non pas seulement chez le patron, mais chez les simples ouvriers[1].

Ces Autorités, ainsi que j’ai pu le constater dans le cours de longs voyages[2], se reconnaissent en tous lieux aux mêmes caractères. Elles gardent religieusement la Coutume des ancêtres, pour la transmettre aux descendants. Elles sont unies à leurs ouvriers par les liens de l’affection et du respect. Dans toutes les contrées et dans toutes les professions, elles n’ont pas seulement la même pratique, elles résolvent de la même manière les questions de principe qui donnent lieu de nos jours à des discussions sans fin ; et cet accord même est le plus sur criterium de la vérité. Après avoir résisté, mieux que le reste de la nation, à la corruption propagée aux mauvaises époques par les gouvernants, elles sont, aux époques de réforme, les meilleures auxiliaires de ces derniers. Les Autorités sociales exercent aussi leur influence au dehors de leurs ateliers ; et elles occupent toujours un rang élevé dans les associations privées vouées au bien public (§ 67), dans la paroisse et dans le gouver-

  1. La Réforme sociale, t. III, p. 246 ; note.
  2. Ibidem, t. Ier, p. 60 et 70.