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du foyer et de l’atelier à l’avenir de leurs descendants.

Les mêmes sujets de mortification sont réservés à ceux qui, en repoussant la liberté testamentaire, prétendent favoriser la petite propriété aux dépens de la grande, ou qui se flattent de propager parmi les citoyens les sentiments d’égalité. Le régime de partage forcé entraîne, en France, les conséquences diamétralement opposées. Il désorganise assurément les familles de tout rang et de toute condition (K) ; mais cette influence est beaucoup plus funeste pour la petite que pour la grande propriété[1]. Il détruit sans cesse, chez les très-petits propriétaires, les premiers fruits du travail et de l’épargne, notamment la possession du foyer domestique (§ 24). Il dépouille leurs héritiers, et surtout leurs orphelins mineurs[2], au profit des gens d’affaires. Le partage forcé n’a pas non plus pour résultat de propager les bonnes habitudes qui se rattachent à l’idée d’égalité. La France, où ce régime règne sous sa forme la plus absolue, est la nation qui, dans ses mœurs, recherche le plus les inégalités sociales et les privilèges. Sans doute l’égalité s’y manifeste constamment par des mots (§ 59) ; mais elle ne se trouve jamais

  1. La Réforme sociale, t. II, p. 44, 66, 69.
  2. Ibidem, t. III, p. 521.