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mier rang de leurs devoirs l’institution d’un héritier (§ 20) qui est immédiatement associé à leur vie domestique et à leurs travaux, et qui un jour aura charge de conserver religieusement la Coutume de l’atelier. Ils consacrent les produits de cet atelier à établir au dehors les enfants capables de fonder de nouvelles maisons : partout ils rendent la prospérité durable en habituant de bonne heure la jeunesse à respecter le Décalogue et à observer les six pratiques essentielles (§§ 20 à 25). Ces traditions disparaîtraient bientôt sous le régime du droit à l’héritage : car les enfants qui se soumettent à de pénibles efforts quand leur bien-être dépend du travail et de la vertu, tombent dans l’oisiveté et dans le vice dès qu’ils peuvent jouir, malgré l’indignité de leur vie, de la richesse créée par les aïeux.

Tel est le cas de la France moderne, où l’effort vient surtout de la jeunesse pauvre, où la jeunesse riche ne s’emploie guère qu’à la décadence du pays. Sous ce rapport, le droit de tous à l’héritage est maintenant plus désastreux que ne l’était le droit d’aînesse. Sous l’ancien régime, en effet, la corruption émanant de la richesse pesait seulement sur l’aîné des fils, et elle était combattue par l’idée de devoirs sociaux à remplir. Sous le régime actuel, cette corruption attaque sans aucun correctif tous les enfants