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se procurer leur nourriture ; mais ils subissent par cela même une déchéance morale qui les abaisse, à certains égards, au rang des animaux. C’est pour conjurer cette décadence que le Décalogue commande le respect des parents immédiatement après les trois commandements qui prescrivent le respect de Dieu. Dans son extrême concision, ce code suprême de l’humanité n’a point défini le droit des parents aussi longuement que les droits de Dieu ; mais les Anglo-Saxons, comme tous les peuples prospères et libres, ont suppléé à cette lacune par des coutumes locales qui ne sont que l’expression spontanée de la loi naturelle.

Selon ces coutumes, les parents disposent en toute liberté des biens qu’ils ont conservés ou créés, après avoir pourvu à l’établissement de leurs enfants. Les restrictions qui règlent, en fait, cette liberté, viennent seulement de la conscience : les unes sont générales et se fondent sur l’observation de la loi morale, le respect de la tradition et l’amour de la patrie ; les autres sont spéciales aux diverses conditions de la société. Ainsi les Autorités sociales (§ 5), vouées aux travaux usuels qui occupent la masse de la nation, subordonnent toujours la transmission des biens à la conservation des six pratiques essentielles (§ 19). Mais l’accomplissement de ce devoir, sans lequel il n’y a ni harmonie ni