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leur régime est conforme à la nature humaine, en le voyant naître spontanément dans les innombrables établissements coloniaux que leur race fonde, dans les deux mondes, au milieu des forêts et des steppes.

Partout les époux, unis pour perpétuer leur race, prodiguent à leur jeune enfant les trésors d’amour et de dévouement sans lesquels il ne pourrait subsister un seul jour. Cette sollicitude est aussi indispensable que le jeu des organes de l’enfant à la conservation de l’espèce. Dieu, dans sa souveraine sagesse, a fondé ce sentiment sur des tendances innées, comme l’organisme du corps sur des lois naturelles. Et c’est pourquoi les sauvages les plus dégradés perpétuent leur race sans le secours d’aucune loi civile ou religieuse. Le Décalogue, ce sublime résumé des lois strictement indispensables à l’existence d’un peuple civilisé, ne commande pas plus l’amour paternel que la respiration de l’air vital.

Partout aussi les parents croient avoir accompli leur tâche lorsque l’enfant, devenu adulte, peut subsister par son travail et fonder à son tour une nouvelle famille. Parvenu à cette époque de sa vie, l’enfant n’a plus que des devoirs à remplir envers ses parents. À la vérité, certains sauvages abandonnent ou tuent leurs vieux parents lorsque ceux-ci ne peuvent plus