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Je vais répondre particulièrement aux quatre objections qui se fondent sur le prétendu droit naturel des enfants à l’héritage, sur les traditions de 1789 et du premier empire, sur les captations exercées au lit des mourants, enfin sur la prétendue répugnance que le génie spécial de notre race opposerait à la pratique du testament.

§ 43

4me OBJECTION : SELON LA NATURE, LES ENFANTS ONT TOUS UN DROIT ÉGAL À L’HÉRITAGE.

La plupart des légistes français allèguent, à l’appui de la quatrième objection, que les enfants

    que l’assemblée marqua pendant ce récit me rappela celui que j’ai parfois éprouvé dans le cours de mes voyages, en pénétrant dans un pays complétement inconnu. Un membre du sénat américain, qui présidait cette assemblée, résuma l’opinion de ses compatriotes en me disant : « Nous comprenons, pour la première fois, pourquoi la France n’a jamais pu, depuis 1793, concilier la liberté politique avec la paix publique. Mais la France est trop intelligente pour rester dans une si profonde erreur. » Les hommes d’État qui voient dans notre partage forcé un dogme indiscutable, et qui nous condamnent ainsi à une inévitable décadence, apercevraient leur méprise s’ils voulaient bien renouveler personnellement la même épreuve auprès des Anglo-Saxons ou des plus solides races rurales du Continent. Parmi ces races ils devraient spécialement consulter les paysans de la Biscaye, de la Catalogne, de la Westphalie, du Hanovre, du Danemark, de la Suède et de la Norwége. Ils constateraient l’unanimité d’opinions qui règne à ce sujet entre ces paysans et ceux qui, malgré les lois révolutionnaires, se sont conservés par millions dans la France méridionale. (Les Ouvriers des deux Mondes, t. Ier, p. 107 et 161.)