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je viens de rappeler. Ils ne feront pas seulement tomber les objections qu’on oppose à leur principe : ils tourneront à la confusion de leurs ennemis les persécutions exercées aujourd’hui contre l’Église, au mépris de la tradition, du droit et de la liberté.

Je m’assure de plus en plus dans la croyance de cet avenir en voyant les erreurs inouïes qui font irruption sur l’Europe. Je me persuade que mes concitoyens ne se feront pas les auxiliaires de ces nouveaux ravages de l’esprit du mal. Depuis deux siècles, à la vérité, les Français, plus que tout autre peuple, ont corrompu la société européenne : ils ont été les apôtres du scepticisme social enseigné par les encyclopédistes, de l’adultère institué par les rois, de la révolution imposée par l’illusion des girondins et la violence des terroristes ; mais, en rompant ainsi avec la religion et la Coutume, ils ont cru sincèrement qu’ils travaillaient au bonheur de l’humanité[1]. Ceux mêmes qui restent pénétrés de ces erreurs ne voudront pas tomber au-dessous des doctrines de Voltaire, de Vergniaud et de Robespierre. Ils ne suivront pas ces nouveaux docteurs slaves et germains qui, avec le

  1. Cette singulière aberration se manifeste naïvement dans beaucoup d’écrits de la révolution et de l’ancien régime en décadence : elle se représente constamment dans les écrits de Voltaire.