Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/267

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ont désorganisé l’Église en s’arrogeant le droit de choisir, parmi les familles ou les clientèles corrompues de leurs courtisans, le personnel des évêchés, des abbayes et des cures[1]. Aux mauvaises époques (§ 15), le principe de l’alliance est devenu particulièrement corrupteur ; car il a induit les clercs, dans l’accomplissement de leur mission, à plus compter sur le concours de l’État que sur leur propre dévouement et la vertu surnaturelle de l’Église. Le principe de l’alliance entre l’Église et l’État, faussé par la corruption des clercs et des gouvernants (§ 15), donna à l’hérésie, à l’époque de Luther et de Calvin, des moyens de propagande qu’elle n’eut point au temps d’Arius. Depuis lors, en effet, on vit les protestants faire de grandes conquêtes chaque fois qu’ils purent alléguer, avec quelque apparence de raison, que la hiérarchie catholique tirait sa force, non du dévouement chrétien, mais bien des satisfactions égoïstes données par le revenu des bénéfices, par l’appui des gouvernants, par le pouvoir temporel de la papauté et, en général, par la situation extérieure de l’Église[2].

  1. « On ne songe pas sans frémir que de tels rois et les créatures de ces rois prétendaient nommer arbitrairement à tous les évêchés et à toutes les abbayes de leur pays ! » (Ibidem, p.165.)
  2. Telle fut la cause de l’ascendant moral que prirent en France les protestants, de 1661 à 1685, à cette triste époque où Louis XIV corrompit, par ses exemples et ses choix