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au contraire, hors de France en ce qui touche les rapports de l’Église et de l’État. Elle offre un caractère d’unanimité qui manque depuis deux siècles aux catholiques français. Elle se trouve surtout dans les discours et les écrits des clercs et des laïques, qui, placés en présence de majorités non catholiques, sont intimement unis au pape et vivent en paix dans leur diocèse, serrés autour de leur évêque ; qui exercent un prosélytisme efficace, fondé sur les inspirations de l’amour chrétien et sur la supériorité du savoir uni à l’éloquence ; qui en outre démontrent l’excellence de leur pratique par le spectacle de leur prospérité temporelle. Selon cette doctrine, l’alliance offensive et

    L’évêque du diocèse de Mayence, qui fut séparé en 1815 de l’empire français, compare, dans les termes suivants, la situation faite au citoyen en Allemagne et en France. « La vie politique et civile a disparu du peuple allemand à mesure que l’absolutisme monarchique a tout absorbé et préparé les voies à l’absolutisme libéral. C’est la France qui a donné l’exemple. Nous voulons un gouvernement qui nous assure la liberté allemande, et non la liberté française ; qui nous donne le fond même de la liberté, et non des formes vides. Selon le droit germanique, il est loisible à tout homme libre de faire tout ce que lui permet sa conviction intérieure, dès qu’il n’est pas restreint par les droits légitimes d’autrui ou par les droits historiques du gouvernement. D’après le droit moderne des Français, le citoyen n’a aucune liberté vis-à-vis du pouvoir. Dans le sens de la liberté germanique, l’homme est tout ; dans le sens de la liberté française, l’État est tout, et l’homme n’est rien. La liberté française est synonyme d’uniformité. » (Mgr de Ketteler, L’Allemagne après la guerre de 1866, traduction française ; Paris, 1867, p. 105 et 106.)