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contrarier les meilleures aspirations de l’esprit moderne.

Je réponds à la première partie de cette objection en faisant remarquer qu’elle offre au plus haut degré les caractères d’un anachronisme.

Les dangers qui menacent aujourd’hui l’Occident sont évidemment l’extension des diverses écoles de scepticisme, le morcellement indéfini des communions chrétiennes, et la perte du respect envers toute autorité, religieuse ou civile. On fait donc complètement fausse route quand on se préoccupe sans relâche de combattre les exagérations de la foi, les envahissements du catholicisme et l’ascendant moral de la papauté. À vrai dire, ceux qui sont absorbés dans ces préoccupations considèrent comme non avenus les changements qui se sont accomplis depuis quatre siècles.

Nos gouvernants compromettraient même l’intérêt politique du pays, s’ils persistaient dans la lutte sourde qui règne depuis longtemps entre l’État et l’Église. Ils renouvelleraient la faute qu’ils ont commise en continuant trop longtemps, contre la maison d’Autriche, l’hostilité traditionnelle de la maison de Bourbon. Ils tomberaient dans l’erreur de ces Anglais qui, se reportant à de vieux souvenirs et s’abandonnant à la quiétude de leur situation insulaire, voient avec une satisfaction secrète les dissen-