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ont obtenu de la reconnaissance des peuples un rang élevé dans la hiérarchie sociale, ils donnent à la longue contre l’écueil où vont échouer tôt ou tard les classes riches et puissantes : ils tombent dans le désordre et propagent autour d’eux la corruption. Les peuples doivent donc à l’avenir supprimer la fonction des clercs, afin de laisser aux laïques leur légitime influence. Et, en renonçant tout d’abord à l’utile concours que peut donner un clergé digne de sa mission, ils conjureront les maux qui émaneraient plus tard d’un clergé corrompu.

Je réponds que les clergés ne sont pas plus corruptibles que d’autres classes également nécessaires ; et j’ajoute qu’aucun peuple civilisé n’a pu jusqu’à présent se passer de leur intervention.

Les chances éventuelles de corruption et les abus d’autorité ne sont pas spéciaux aux clercs : ils se développent plus facilement encore parmi les autres classes dirigeantes, et surtout parmi les gouvernants. C’est parmi ces derniers que naît habituellement le mal ; c’est d’eux que proviennent les désordres qui compromettent un état traditionnel de prospérité. Mais, d’un autre côté, les peuples ne s’élèvent à une certaine hauteur que sous la direction d’un bon gouvernement. Ceux qui se priveraient, dans le présent, des bienfaits qui en émanent par la