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ont négligé la religion, tout en conservant d’abord une certaine célébrité dans les sciences et les arts ; et la France en particulier a donné, à deux reprises, l’exemple d’un tel ordre de choses (§§ 15 et 17). Mais cette apparence de prospérité n’a pu faire longtemps illusion : elle a été bientôt démentie par les symptômes habituels de la décadence. Les peuples prospères, qui offrent plus que les peuples célèbres le criterium du bien (§ 7), se placent comme savants à des hauteurs très-inégales ; mais ils sont toujours les plus religieux ; d’où l’on doit conclure que c’est la religion, et non la science, qui fait leur prospérité.

Pour procéder scientifiquement dans leur lutte contre Dieu et la religion, les sceptiques auraient à produire un premier fait à l’appui de leur thèse : ils devraient nous montrer au moins

    non la liberté. La religion est beaucoup plus nécessaire dans la république qu’ils préconisent que dans la monarchie qu’ils attaquent, et dans les républiques démocratiques que dans toutes les autres. Comment la société pourrait-elle manquer de périr si, tandis que le lien politique se relâche, le lien moral ne se resserrait pas ; et que faire d’un peuple maître de lui-même, s’il n’est pas soumis à Dieu ? En même temps que la loi permet au peuple américain de tout faire, la religion l’empêche de tout concevoir et lui défend de tout oser. » (La Démocratie en Amérique, t. Ier, chap. XVII.) — On peut apprécier la sagesse de ces anciennes opinions du peuple américain, en voyant ce que peuvent oser aujourd’hui, dans les réunions de Paris, comme dans les congrès de Suisse et de Belgique, des hommes qui n’ont plus pour les croyances religieuses que haine ou mépris.