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les limites qu’elles ne doivent pas dépasser. Les phénomènes des deux groupes de sciences sont profondément distincts, dans le temps présent comme dans l’histoire. Après des milliers de siècles, pendant lesquels la terre n’a été soumise qu’à des phénomènes de l’ordre physique, la religion et l’ordre moral ont fait leur apparition avec le premier homme dont la tradition ait gardé le souvenir. Depuis lors, les phénomènes religieux et moraux n’ont cessé de se développer avec le genre humain, et ils ont dominé de plus en plus les faits purement physiques. L’homme, s’aidant des forces intellectuelles et morales, commande dans le domaine où les animaux restaient soumis aux forces naturelles.

Dans tous les temps, sous tous les climats, chez toutes les races, la religion est aussi caractéristique pour les sociétés humaines que la nutrition, absente chez les minéraux, est essentielle aux êtres organisés. Exclure Dieu et la religion du monde social, par cela seulement qu’on ne les voit pas dans le monde physique, est une doctrine aussi peu judicieuse que le serait celle qui, ne voyant point dans le règne minéral la nutrition, prétendrait l’exclure du règne organique. Voir seulement dans l’homme des organes physiques, c’est une seconde inconséquence, analogue à celle du zoologiste qui prétendrait décrire l’abeille sans mentionner