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a créé, de progrès en progrès, les milieux sociaux où les sciences physiques ont pu enfin se développer. Ce dédain pour la science sociale est condamné par l’histoire et la raison, comme par les vraies autorités des sciences physiques. Cette science se compose, en partie, de faits qui prennent à la surface de la planète une place de plus en plus prépondérante : à ce seul point de vue, elle occuperait de beaucoup le premier rang parmi les sciences d’observation ; et, à vrai dire, les sciences physiques n’en sont qu’une dépendance (n. 9). Les hommes éminents qui ont le mieux étudié et coordonné les faits de la chimie, de la physique, de l’astronomie et des autres sciences naturelles, n’ont point pensé qu’ils eussent qualité pour s’immiscer dans les faits de la religion et de l’ordre moral. Cette erreur n’a guère été commise que par les personnes qui, ayant peu réfléchi sur les phénomènes de la science sociale, ou ayant seulement fixé leur attention sur quelques détails des sciences physiques, n’ont connu nettement ni la méthode qui est propre à ces dernières, ni

    les qualités de la brute et, par conséquent, à prendre pour idéal les races sauvages et dégradées. Tous les penseurs qui ont vu, dans la soumission à Dieu, l’état naturel de l’homme ont, au contraire, été conduits à concevoir une haute idée de la dignité humaine. Ainsi M. de Bonald a dit : « Que sont toutes les sciences auprès de la science de la société ? et qu’est l’univers lui-même si on le compare à l’homme ? » (Théorie du pouvoir, Paris, 1796, t. 1er, p. vi.)