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aucunement à la pratique ou à l’oubli de la religion. Pour l’homme, comme pour les autres êtres organisés, ils sont la conséquence nécessaire des lois du monde matériel. La vraie science n’a donc à se préoccuper ni de religion, ni de morale, ni même de ce qui est utile à l’espèce humaine. La matière et les forces qui en émanent sont les seules réalités qu’on puisse voir et toucher : ce sont aussi les seules dont l’ami de la vérité doive tenir compte. La religion et la morale qu’elle enseigne ne peuvent être appuyées sur aucun fait matériel : elles ne sont donc que mensonge, illusion ou vanité[1], et à l’avenir il ne faut plus s’en préoccuper. Le savant doit désormais remplacer le prêtre, en ce qui touche la direction des sociétés : fortifié par les découvertes qui ont illustré notre temps, il doit conquérir enfin la haute situation que n’ont pu

    examen, c’est la vérité. La nature n’existe ni pour la religion, ni pour la morale, ni pour les hommes ; elle existe pour elle-même. Que faire, sinon la prendre telle qu’elle est ? L’étude empirique de la nature n’a pas d’autre but que la recherche de la vérité, que celle-ci soit consolante ou désolante, selon les idées humaines, qu’elle soit esthétique ou non, logique ou non, qu’elle soit conforme ou contraire à la raison, nécessaire ou miraculeuse. » (Ibidem, fin.)

  1. « La philosophie scolastique de nos jours, pleine d’une vanité présomptueuse, s’imagine d’avoir enterré ces idées sous la dénomination de matérialisme. Mais cette philosophie baisse de jour en jour dans l’estime publique, en raison de la marche progressive des sciences empiriques. Or ces sciences démontrent avec évidence… » (Ibidem, préface, p. VI.)