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religieuse commencèrent à produire leurs fruits habituels. Elle aurait pris fin depuis longtemps, si les hommes éclairés de notre époque, prenant exemple sur leurs ancêtres du XVIIe siècle, s’étaient ralliés à une commune notion de la vérité. Malheureusement ce résultat a été retardé par les passions et les erreurs issues de la révolution (§§ 50 à 61). En ce moment il semble être plus que jamais reculé par une doctrine qui nous vient surtout d’Allemagne, et qui pourrait être appelée le scepticisme scientifique, ou le naturalisme[1]. C’est sur l’autorité de cette nouvelle erreur que se fonde principalement la première objection.

Le scepticisme scientifique ne prend plus son point de départ dans les désordres sociaux émanant des personnes qui abuseraient de la religion, mais seulement dans l’observation du monde physique. Les sciences physiques, disent les nouveaux docteurs[2], n’assignent à l’homme aucune place exceptionnelle dans la nature : car

  1. Une variété de cette doctrine, sous le nom de Nihilisme, paraît se répandre chez les classes lettrées de la Russie ; et il semble qu’elle donnera prochainement de grands embarras à un gouvernement identifié avec une Église où les croyances sont plus fermes qu’éclairées (§ 65).
  2. Ce précis du scepticisme scientifique me paraît être un résumé fidèle des lectures et des entretiens auxquels je me livre depuis longtemps. Je prie à l’avance les honorables auteurs de la doctrine de m’excuser si, contre mon intention, j’ai dénaturé leur pensée. Je me ferais, dans ce cas, un devoir de réparer ma faute