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la grande époque de Vincent de Paul, de Condé et de Descartes (§ 16). Louis XIV, en ramenant, par son exemple et sa tyrannie, une corruption plus dangereuse que celle des Valois, provoqua le retour des mêmes vicissitudes. Cette fois la propagande antireligieuse prit de plus grandes proportions, sous deux nuances principales. Voltaire admit l’existence de Dieu ; mais il comprit peu le secours que les peuples prospères tirent de ce principe pour l’établissement d’un bon ordre social. Il prêcha souvent et pratiqua presque toujours une morale relâchée. Son œuvre spéciale fut d’attaquer la religion par l’arme du ridicule. J.-J. Rousseau méconnut moins les principes : il conçut une plus haute idée de Dieu, et il comprit mieux le rôle de la religion. Mais, en fait, son erreur sur la perfection originelle de l’homme contribua plus que la raillerie de Voltaire à ruiner la religion et à désorganiser la société. Il admit, en effet, que l’homme apporte en naissant toutes les facultés nécessaires pour s’élever, sans aucun enseignement, aux lois de la morale et, s’il y a lieu, à la pratique de la religion. Cette erreur, démentie par tous les faits que révèle l’éduca-

    une pente invincible les y ramène. L’incrédulité est un accident, la foi seule est l’état permanent de l’humanité. » (A. de Tocqueville, de la Démocratie en Amérique, t. Ier, p. 359.)