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Au surplus, les maux les plus dangereux de notre temps viennent moins de la corruption des mœurs que du désordre des idées. D’innombrables erreurs ont été propagées depuis deux siècles. Parmi les plus redoutables se placent, en première ligne, celles qui détruisent systématiquement les trois principales formes du respect (§ 31). C’est pourquoi la réforme doit avoir pour point de départ la restauration des vérités qui commandent le retour à la religion, le rétablissement de la liberté testamentaire, la répression des faits de séduction.

    de gouvernement que la corruption des clercs ne condamne la religion ; mais ces considérations viennent à l’appui de deux conclusions de cet ouvrage, savoir : que les nations ne prospèrent qu’en restant soumises à la loi du Décalogue ; que les institutions doivent avoir pour objet principal de conjurer la corruption chez toutes les classes de gouvernants, chez ceux surtout qui joignent à une autorité sans contrôle la moindre dose de responsabilité personnelle. Les électeurs, exerçant leur droit de suffrage à l’aide du scrutin secret, sont particulièrement dans ce cas.

    Une nation qui n’a pu créer un régime stable avec la royauté et un système électoral fondé sur la richesse et le talent, s’expose à de plus graves mécomptes si elle associe tous les citoyens à la souveraineté, sans avoir préalablement établi parmi eux le règne de la vertu. Le peuple peut, en effet, contrôler un roi et une aristocratie corrompus par, l’exercice du pouvoir : mais qui contrôlera le peuple entier poussé au désordre et à la vénalité par l’abus du droit de suffrage ?