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des peuples prospères que je viens de citer. Chez eux, le 4e commandement du Décalogue impose aux enfants le respect du père, comme un devoir qui assure le salut dans la vie future. En même temps la liberté testamentaire laisse au père l’autorité qui lui appartient ; et celui-ci en fait usage pour inculquer aux enfants cette conviction, que l’acquisition du bien-être est, dans la présente vie, subordonnée à l’accomplissement du devoir.

La prospérité d’un peuple est attaquée dans son principe même quand l’autorité des pères n’a plus cette double garantie. L’ancien régime en décadence et la révolution, en détruisant les croyances (§ 17) et en abolissant le testament (E), ont causé à notre race un dommage qu’aucun effort n’a pu encore réparer. Pour reprendre le cours de ses hautes destinées, la France doit d’abord reconnaître le danger des passions et des préjugés qui l’égarent. Elle doit ensuite restaurer l’autorité paternelle, en lui donnant une double sanction : en pratiquant, dans l’ordre religieux, le 4e commandement ; en restituant au père, dans l’ordre civil, la liberté testamentaire[1].

  1. L’article 371 du Code civil prescrit dans les termes suivants le respect de l’autorité paternelle : « L’enfant, à tout âge, doit honneur et respect à ses père et mère. » Mais cette prescription n’est ici qu’un précepte de philosophie : car elle est annulée, en fait, par les articles qui refusent au père le pouvoir d’assurer la conservation de la Coutume dans l’atelier