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de leurs intérêts immédiats, certaines attributions de la souveraineté (§ 69). C’est ainsi qu’aux États-Unis le régime électoral, en déviant des Coutumes locales confirmées par la loi (§ 69, n. 24), et glissant sur la pente du suffrage universel absolu, proscrit de plus en plus les gens de bien (§ 60, n. 26), et contribue, non moins que l’abus de la richesse, à la corruption qui se montre de toutes parts dans ce grand empire[1].

Ainsi, les influences qui poussent au mal les peuples prospères sont plus variées que celles qui ramènent au bien les peuples souffrants. Chez un peuple dégradé, la masse vouée aux travaux manuels ne saurait se réhabiliter sans l’avénement de nouvelles classes dirigeantes : mais, chez un peuple prospère, elle peut contribuer, comme celles-ci, à ramener la corruption. J’aurai occasion de montrer, par deux exemples, la diversité de ces influences. En Angleterre, en effet, le personnel du travail s’est désorganisé lui-même en abandonnant la Coutume, et en se plaçant ainsi en dehors de l’ordre moral (§ 29). En France, au contraire, Louis XIV et son successeur, en violant la loi morale, ont d’abord corrompu les classes dirigeantes ; puis celles-ci ont, de proche en proche, désorganisé

  1. La Réforme sociale, t. Ier, p. 144. — Voir également ci-après le § 60.