Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/226

Cette page a été validée par deux contributeurs.

forces morales de notre pays ; et je soupçonne que s’il eût été inventé à l’époque de l’empire romain, il eût rendu impossible la propagande de saint Paul, comme les lumineux débats de saint Jérôme et de saint Augustin. Chez nous, ce savant régime de contrainte a souvent découragé les amis de la vérité, tandis qu’il a stimulé et ennobli, par le prestige de la persécution, les partisans de l’erreur. Il a développé chez presque tous les Français cet esprit d’intolérance qui les caractérise aujourd’hui, qui fait dégénérer rapidement toute libre discussion en guerre civile.

Heureusement la liberté de parler et d’écrire, restaurée récemment par l’Empereur[1], malgré les craintes de la majorité des classes dirigeantes, nous donne le moyen de détruire ces funestes traditions. Nous nous assurerons bientôt un meilleur avenir, si nous faisons un judicieux usage de cette liberté. Le passé ne cessera pas immédiatement de peser sur nous ; mais la corruption et l’erreur qu’il nous a léguées ne sont ni plus redoutables ni plus invétérées que celles dont la France a triomphé en d’autres temps (§§ 14 et 16). Notre époque, bien qu’elle ait subi les massacres de la Terreur, a le droit de dire que

  1. Loi qui modifie les articles 414, 415 et 416 du Code pénal, relatifs aux coalitions (25 mai 1864). — Loi relative à la presse (11 mai 1868). — Loi relative aux réunions publiques (6-10 juin 1868).