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journalière imprimée aux populations par les hommes éminents qui, jouissant de l’affection de leurs coopérateurs, dirigent les ateliers de travail, urbains ou ruraux. Ce milieu social a toujours été, dans les temps de trouble et de décadence, la vraie réserve de l’ordre moral. Ces Autorités sociales ont toujours conservé mieux que les autres classes la tradition du bien ; et, depuis quatre siècles notamment, elles ont résisté à l’éclosion simultanée de la corruption et du scepticisme. Pendant le même temps, au contraire, ces deux fléaux ont envahi à deux reprises (§§ 15 et 17), avec une rapidité extrême, la cour, la haute noblesse, le haut clergé, les lettrés, les savants, les hauts fonctionnaires, puis, de proche en proche, les classes livrées à l’oisiveté, à l’ignorance, aux appétits sensuels, à l’âpre désir du gain. Quand, à l’époque de la grande Catherine et du grand Frédéric, les souverains s’unirent aux lettrés pour détruire les croyances (§ 31), les Autorités sociales résistèrent fermement à cette aberration. De nos jours, les chefs d’atelier, placés en tête de la hiérarchie du travail, n’hésitent pas davantage à repousser les fléaux de l’époque, les traditions du scepticisme français, les nouveautés du scepticisme allemand (§ 39), les exagérations du luxe et le désordre des mœurs. Ils se tiennent assurés, par la pratique même des devoirs sociaux, que le