Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.

redoutables de cet esprit d’intolérance[1] qui s’aggrave chez nous sans relâche depuis deux siècles, et qui soulève le plus l’aversion de nos voisins (§ 41, n. 4). En ce moment, cette réforme blesserait particulièrement la minorité turbulente des agglomérations urbaines ou manufacturières, qui représente surtout les abus du mot démocratie (§ 60) ; qui, en niant Dieu et la religion, détruit dans sa source même l’influence à laquelle elle prétend (§ 8) ; qui ne tolère pas l’emploi du mot dimanche dans les réclamations du repos hebdomadaire faites au seul point de vue de l’hygiène, mais qui érige en dogme social et propage par sa pratique les libations du lundi et du mardi ; qui enfin repousse avec mépris l’autorité du patron, du prêtre et du souverain, mais qui se fait la cliente soumise d’une puissance redoutée de tous les peuples libres et prospères, celle du cabaretier[2].

Le second moyen de réforme est l’impulsion

  1. La Réforme sociale ; l’Intolérance actuelle des Français ; t. III, p. 256 à 393.
  2. Les peuples libres et prospères, qui ont porté au plus haut degré de perfection les saines pratiques de liberté et d’égalité, exercent une répression très-énergique contre tous les bas commerces dont le succès se fonde sur l’abus des spiritueux par une clientèle d’habitués. Sous ce rapport, les États-Unis se distinguent au premier rang (§ 8, n. 11). Si le suffrage universel absolu assurait dans l’avenir aux cabaretiers l’extension d’influence qu’on a déjà constatée en France aux élections de 1869, on ne tarderait pas à apercevoir la supériorité intellectuelle et morale des localités qui institueraient formellement la pratique civile du repos dominical.