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gêné ou avide de gain. Dans cette situation, la seconde pratique se perd peu à peu (§ 21), et l’antagonisme se substitue fatalement à l’ancien état d’harmonie.

Placé sous cet ensemble d’influences, ne recevant de son patron, aux époques de crise, qu’un salaire insuffisant, attiré, aux époques de prospérité, vers des patrons concurrents par l’appât d’un salaire exagéré, sans cesse ramené à l’antagonisme par la mobilité du salaire et à la vie nomade par l’instabilité de l’habitation, l’ouvrier ne saurait s’attacher à un patron, ni par conséquent respecter la première pratique (§ 20). Mais, en France, sous le régime actuel de partage forcé, le principal obstacle vient des patrons eux-mêmes. En effet, depuis que ce régime a été institué par la Convention (E) pour détruire entre le père et ses fils la tradition des idées et des sentiments, les engagements réciproques ne se maintiennent plus que par exception parmi les générations successives de patrons et d’ouvriers. Dans la plupart des cas, un patron enrichi par le travail se trouve en présence de fils qui, en vertu de leur droit à l’héritage, veulent jouir dans l’oisiveté de sa fortune, et qui souvent la dissipent en débauches (C). Un père ne peut alors conjurer que par une retraite prématurée l’infériorité où le poids de l’âge le pla-