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s’identifie avec les intérêts de son mari, elle n’est plus que le premier de ses caissiers ou de ses commis. Quant à la femme et à la fille de l’ouvrier, elles deviennent des ouvrières d’atelier, type également étranger au langage et aux mœurs du XVIIe siècle. Dans cette condition, la femme est déchue du rang que lui attribue une bonne constitution sociale ; elle est soumise à des tortures morales et physiques, qui seules suffiraient pour condamner ce déplorable régime. Les maux résultant de l’abandon de la sixième pratique sont singulièrement aggravés, en France, par une loi des assemblées révolutionnaires (F), qui prive les jeunes ouvrières de la protection que les autres peuples civilisés leur accordent contre la séduction.

On ne saurait trop insister sur l’état d’infériorité où se plongent fatalement les peuples en perdant le respect de la femme. Ce désordre pèse sur la société entière : mais il se fait surtout sentir au sein des classes inférieures, parce qu’il les rend incapables de satisfaire le légitime désir qui les porte à s’élever dans la hiérarchie sociale. En effet, lorsque l’amour honnête a perdu son attrait, lorsqu’on ne voit plus dans le consentement d’une fiancée une récompense, et dans le mariage une dignité, les jeunes gens n’ont plus l’énergie nécessaire pour se livrer aux efforts