Page:Le Play, L’Organisation Du Travail, 1893.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.

perverties par l’oisiveté, ne se bornent pas à corrompre les peuples par le mauvais exemple, en s’abandonnant à tous les écarts inspirés par les passions sensuelles et les intérêts égoïstes. Saisies parfois d’une sorte de vertige, elles se livrent, contrairement à leurs intérêts les plus évidents, au prosélytisme de l’erreur et de la destruction : on les voit alors saper par leurs discours et leurs écrits, comme par leur pratique, les croyances religieuses, l’esprit de famille, les traditions de hiérarchie et, en général, les idées et les sentiments qui jusque-là avaient fait la force de la société. Les cours de l’Europe ont offert ce triste spectacle pendant toute la durée du XVIIIe siècle. Elles ont ainsi provoqué le cataclysme social dont la révolution française a été le plus sanglant épisode, et dont le contrecoup s’étend plus que jamais à toutes les régions du Continent. Enfin, l’aberration est parfois poussée au point que la loi elle-même, attaquant la propriété, et par suite la famille et la religion, provoque sans relâche, malgré les volontés individuelles, la désorganisation de la société. Telle est, par exemple, depuis quatre-vingts ans la conséquence du régime de succession imposé à la France par le gouvernement de la Terreur (E). Sous la pression de la loi, exercée par une armée d’officiers publics (§ 46) et secondée par de mauvaises passions (D), la