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grossière, qui fournit des effets comiques à certaines peintures de mœurs, et qui n’excite guère l’indignation des honnêtes gens[1]. À Paris, le mal dépasse aujourd’hui toutes les limites atteintes chez les autres peuples civilisés : il a repris certains caractères qu’on ne connaissait plus, depuis les décadences d’Athènes ou de Rome ; et il s’est tellement incorporé à la population que les unions deviennent de plus en plus stériles, et donnent d’ailleurs un bâtard sur trois naissances. L’esprit d’égalité a fait passer sur toutes les classes le niveau du mal : tandis que les oisifs subventionnent une armée de courtisanes, les ouvriers renoncent au mariage ; et, dans certains corps d’état, le concubinage est en quelque sorte devenu une pratique professionnelle[2].

  1. Un illustre écrivain, qui s’est dévoué à la restauration des croyances, s’associait un jour, avec la chaleur qui le distingue, à l’affliction que m’inspirait cet état de choses.« Pourquoi, s’écriait-il, la glorieuse race de saint Louis a-t-elle été particulièrement poussée par l’esprit du mal à donner l’exemple de cet opprobre ? Par quel moyen nous relèverons-nous de l’état d’infériorité où nous sommes tombés devant nos rivaux ? » Bientôt nous nous accordâmes à penser que ce moyen était indiqué par l’histoire ancienne de la France (§ 16). Le même enseignement est donné par l’histoire moderne de l’Angleterre : on ne saurait trop rappeler, en effet, que la restauration des croyances au sein des classes dirigeantes a amené dans les mœurs de ce pays la transformation rapide que démontre la comparaison des littératures aux deux époques de Richardson et de Walter Scott.
  2. Les Ouvriers des deux Mondes, t. II, p. 190.