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de tyrannies royales ou populaires neutralisent, en France, les bienfaits de la religion dominante. Beaucoup de catholiques, au lieu de faire alliance avec tous les chrétiens pour combattre les diverses nuances du scepticisme, provoquent dans leur propre Église une véritable guerre civile. Ils épuisent leur zèle à discuter avec violence des questions que des traditions vénérables et la pratique actuelle des autres nations ont toujours reléguées au second plan. Ils veulent introduire dans le gouvernement de l’Église les habitudes d’intolérance[1] et les formes bureaucratiques[2] de notre vie civile. Abusant des principes d’unité et de hiérarchie qui sont la force de l’Église, ils provoquent la bureaucratie romaine à envahir les attributions des évêques, des chapitres et des simples ministres. Sous leur influence, l’antagonisme social et l’esprit d’uniformité tendent à troubler l’Église comme l’État.

Cette guerre intestine entraîne de déplorables conséquences. Ceux qui voient les dangers du scepticisme hésitent cependant à se mettre en communauté de foi avec des hommes si passionnés. Ils s’inquiètent des résolutions que prendrait, à l’égard de dissidences plus tranchées, une majorité pénétrée de tels sentiments. Ils

  1. La Réforme sociale, t. Ier, p. 168 ; t. III, p. 256.
  2. Ibidem, t. Ier, p. 176 ; t. III, p. 303.