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riorité que sous la direction d’un petit nombre d’hommes, la plupart étrangers, qui ont conquis leur autorité par le talent et la vertu.

Les peuples civilisés présentent, de loin en loin, les masses arrivées à la vertu sous la direction de gouvernants dignes de leur situation. Par la bienfaisante influence de la Coutume et de la loi morale, les ateliers de travail s’élèvent à une grande perfection ; et les populations s’assurent toutes les formes du bien-être matériel, intellectuel et moral. En même temps la nation atteint un haut degré de puissance, grâce au concours de classes dirigeantes incorporées à la race, sorties de familles-souches (§ 6), morales et fécondes, créées par le travail. Mais cette prospérité, à mesure qu’elle se développe, tend à se limiter par ses succès mêmes, sous les impulsions de l’orgueil et de la richesse. Les dépositaires de l’autorité politique ou religieuse, choisis de préférence dans les classes riches, commencent ordinairement à propager le mal[1] : car c’est dans cette situation que les hommes s’attribuent le plus aisément les satisfactions du vice, tout en en rejetant les inconvénients sur le public[2]. Les classes dirigeantes,

  1. Certains peuples ont vivement senti cette vérité ; ils l’ont exprimée par cet énergique proverbe tiré de l’une de leurs professions usuelles : C’est par la tête que pourrit le poisson.
  2. La Réforme sociale, t. II, p. 197.